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Santé auditive au travail : le bruit court toujours…

L’association JNA, Journée nationale de l’Audition, a lancé la troisième édition de la Semaine de la Santé auditive au travail jeudi 11 octobre à Paris. Un thème qui a rassemblé médecins, membres du ministère du Travail, architectes ou encore ingénieurs. Les chiffres de l’enquête Ipsos commandés pour l’occasion sont édifiants : 6 actifs sur 10 se disent personnellement gênés par le bruit et les nuisances sonores sur leur lieu de travail.

« Cette proportion est énorme ! commente le Pr Jean-Luc Puel, président de l’association JNA, à propos des 59 % d’actifs qui se disent importunés par le bruit sur leur lieu de travail.
Pour rappel, un échantillon de 1000 personnes, représentatif de la population française active majeure, a été interrogé au mois de septembre 2018, via un questionnaire en ligne. Le sondage a souligné une réalité souvent rappelée par la JNA : les secteurs de l’industrie ou de la construction ne sont plus les seuls touchés. Une majorité des acteurs du secteur des services (54 %) et des administrations (60 %) sont concernés. Résultat : fatigue, lassitude et irritabilité sont ressenties chez la moitié des salariés interrogés.

Plus de rentabilité et de productivité
L’enquête révèle également que seuls 37 % des actifs gênés par le bruit en ont fait part à leur hiérarchie directe, alors qu’une obligation générale de sécurité incombe à l’employeur d’après l’article L. 4121-1 du Code du travail : il se doit notamment d’appliquer une politique de prévention à l’égard du bruit. « Certains chefs d’entreprise l’ont bien compris, observe le président de la JNA, et constatent que créer des conditions de travail optimales engendre moins de conflits chez les employés, offre plus rentabilité et de productivité, et améliore l’ambiance de travail ».
Des propos confirmés par l’un des invités, Nicolas Méhier, ingénieur à la CRAMIF, la Caisse régionale d’Assurance Maladie, dont la présentation s’est appuyée sur un rapport de l’Ademe (l’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) datant de 2016 sur le coût social du bruit : il s’évalue à 57 milliards d’euros, en comptant les maladies, accidents professionnels, la perte de productivité, et la gêne. « En tant que chef d’entreprise, ne prendre aucune mesure peut donc vous coûter cher, alors qu’en prendre peut vous faire économiser », a-t-il conclu.

Créer des espaces de réserves
Pour d’autres invités présents, la prévention contre le bruit au travail commence bien en amont. Cécile Regnault architecte et chercheure à l’école d’architecture de Lyon, l’enseigne à ses étudiants : « le bruit doit être pensé avant la construction de chaque espace. Les futurs architectes doivent l’intégrer dans leurs projets. Tout est une affaire de réglage ! », explique-t-elle. À propos des sacro-saints open-space, chéris de nombreuses administrations, elle affiche une position plus mesurée : « Il n’y a pas de solution toute faite ! Opter pour des paravents pour limiter le son peut apparaître efficace… Mais les employés ne se voient plus, et cela ne leur plaît pas forcément. Il faut créer des « poches », des lieux, des espaces de réserves pour que les employés puissent s’isoler plutôt que de rajouter des éléments après coup. Peut-être que les vendeurs de paravents sont ravis, glisse-t-elle en souriant, mais pour moi c’est un pis-aller ! »

Pour plus d’information :
http://www.sante-auditive-autravail.org/

Source: Audition infos

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