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Pierre-Jacques Adiba, médecin généraliste : « J’ai attendu d’être à la retraite pour me faire appareiller »

Pierre-Jacques Adiba est médecin à la retraite depuis sept ans. Avec la crise sanitaire, il est revenu sur le terrain… avec ses aides auditives !

Pierre-Jacques Adiba s’est rendu compte de sa perte d’audition au fur et à mesure et, surtout, à cause de la télévision. Il montait de plus en plus le son et il comprenait de moins en moins. Mais pour lui, il n’était pas question de se faire appareiller. D’une part, il ne se sentait pas réellement gêné dans sa vie quotidienne, d’autre part, il ne se voyait pas exercer son métier de médecin généraliste avec des aides auditives, d’autant qu’il passait une partie de sa journée avec les embouts du stéthoscope dans les oreilles.

Un soir, peu de temps avant de partir à la retraite, alors qu’il dînait avec un audioprothésiste, le commentaire n’a pas tardé : « Es-tu sûr que tu entends bien ? Qu’attends-tu pour consulter ? Plus tu attends, plus ce sera compliqué. » Cette simple réflexion a été l’élément déclencheur, bien plus que les nombreuses réflexions de sa compagne. Il prend rendez-vous le lendemain avec le service ORL de l’hôpital de Longjumeau. Tout se fait très rapidement, Pierre-Jacques Adiba travaillant parfois avec l’hôpital. Il arrive en terre connue. Quarante-huit heures plus tard, il est au rendez-vous. L’examen par l’ORL a été court, juste pour vérifier que la baisse de l’audition ne venait pas d’un souci physique. Le médecin passe rapidement la main à un audioprothésiste qui travaille avec l’hôpital. C’est lui qui effectuera tous les examens. L’ensemble du rendez-vous ne prendra pas plus d’une heure.

Rendez-vous avec l’audioprothésiste,
juste après l’ORL

« Je ne connaissais pas grand-chose aux audioprothèses. Ma connaissance dans le domaine des oreilles se limitait aux bouchons de cérumen et aux otites de mes patients. J’étais ravi que tout se fasse aussi vite, mais j’avoue m’être posé la question de savoir si je n’avais pas bénéficié d’un régime de faveur du fait de mon statut de médecin et de mes relations avec l’hôpital. J’étais tout de même surpris que quasiment tous les examens soient délégués à l’audioprothésiste », souligne Pierre-Jacques Adiba, qui expose tout de suite ses critères de choix. Il veut des appareils rechargeables et il veut écouter la télévision sans souci. La semaine suivante, il a rendez-vous dans un des centres de l’audioprothésiste. Ce dernier lui propose un appareil à l’essai. L’aide auditive correspond bien à ce qu’attendait le médecin, et même au-delà. L’audioprothésiste connecte alors la télévision et sa précieuse barre de son, ainsi que l’enceinte de retour de scène du médecin, musicien à ses heures. « Toutes les voitures se ressemblent plus ou moins sur un circuit de course ; ce qui compte, c’est le pilote. Avec mon audio, j’avais le pilote qu’il me fallait pour un bon équipement », explique le médecin à la retraite.

Un boucan terrible

Néanmoins, la première impression avec les aides auditives lui a laissé une impression « abominable » : « Ma compagne m’a accompagné, j’ai équipé mes deux oreilles et je suis resté saisi. Je ne m’attendais pas à ça. Il y avait un boucan terrible, un peu comme si je revenais sur terre après avoir oublié ces sons ! Je m’entendais marcher, la pluie dans la voiture faisait un boucan du diable et même le clignotant m’était insupportable. Quand je me suis plaint que c’était trop fort, il m’a dit que c’était le prix à payer pendant un mois. Je me suis permis d’insister, mais il a été catégorique : je devais m’habituer avant qu’il puisse faire les réglages. Il a eu raison, je me suis habitué. Depuis, je le revois tous les six mois pour vérifier que tout va bien. Il fait quelques réglages et si cela ne va pas, je reviens le voir après quarante-huit heures. » Pierre-Jacques Adiba a suivi à la lettre le protocole en portant le plus possible ses aides. Il s’est habitué assez rapidement. « Je n’ai pas fait la même chose que mon père, qui ne les portait plus et les laissait dans un tiroir. Il disait toujours : “J’ai une Ferrari à droite une Lamborghini à gauche, tout ça pour m’entendre manger ! Mais je dois dire que les appareils ont beaucoup évolué, d’un point de vue technique et esthétique. Porter un appareil ne me dérange pas visuellement, mais avec le masque, je dois faire attention sous peine de l’envoyer valser. » Pierre-Jacques Adiba reconnaît que son audition a diminué. « Aujourd’hui, je ne pourrais plus vivre sans mes aides auditives. Ma compagne a hâte que je m’équipe le matin car je n’entends presque rien sans elles. Je les porte de 8 h à 23 h, en ne les enlevant que pour une petite sieste d’un quart d’heure ; si j’oublie de les remettre, je m’en aperçois rapidement et je fais demi-tour pour aller chercher mes prothèses. »

Des appareils encore très chers

Le médecin se réjouit de la réforme du 100 % Santé, qui permet de rendre l’appareillage plus accessible pour certains modèles, mais il continue de penser que les audioprothésistes détiennent un certain monopole. « On est obligé de passer par eux, c’est quasiment sectaire, d’autant que dès que l’on veut certaines fonctionnalités, comme ne pas avoir de piles, les prix ne sont pas encore accessibles pour tout le monde. » Le médecin est très satisfait de ses aides auditives et apprécie de pouvoir faire les réglages de base à l’aide de son téléphone. Une seule chose lui est insupportable : la vaisselle et le son des assiettes qui s’entrechoquent. Une bonne excuse pour laisser la vaisselle à d’autres ?

 

Nathalie Bloch-Sitbon

Source: Audition infos

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