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Emmanuel Macron face aux défis de la santé
Élu huitième Président de la Ve République, dimanche 7 mai par 66,06 % des voix, Emmanuel Macron s’apprête à succéder à François Hollande. Il indiquait vendredi 5 mai qu’il avait d’ores et déjà choisi son Premier ministre et qu’il dévoilerait la composition de son gouvernement après la passation de pouvoir, prévue le 13 ou le 14 mai.
L’équipe devrait allier nouveaux visages et personnalités plus capées. Côté santé, si les nominations du Premier ministre et du ministre de la Santé sont attendues avec impatience, le nouveau Président de la République a fait savoir qu’il allait créer – dans le cadre de ministères réduits à une quinzaine de portefeuilles – un secrétariat d’État au Handicap qui serait directement relié à Matignon. En attendant ces nominations, nous vous proposons un passage en revue (non exhaustif) des mesures emblématiques du nouveau chef de l’État sur la santé.
Parmi les axes prioritaires avancés par le Président de la République en matière de santé figurent une « vraie politique de prévention ambitieuse », la « réduction des inégalités de santé » et « l’amélioration de l’efficience de notre système de santé, de la pertinence et de la qualité des soins ».
Maîtriser les dépenses de santé
Sur le financement du système de santé, Emmanuel Macron a annoncé un plan d’investissement de 5 milliards d’euros dans la santé. Il souhaite limiter l’Objectif national de dépenses d’Assurance maladie (Ondam) à 2,3 % de 2018 à 2022 et réaliser 15 milliards d’euros d’économies sur les dépenses de santé. Une gestion des dépenses et une stratégie de santé sur un horizon de plusieurs années qui permettront de donner de la visibilité et de la stabilité aux acteurs de santé. En ce sens, la construction du premier budget de la Sécurité sociale devra préfigurer une évolution des modes de financement visant à expérimenter le décloisonnement ville et hôpital, médical et médico-social. À cette meilleure gestion du système de santé, le candidat victorieux d’En Marche ! souhaite également une politique de prévention en santé renforcée (lutte contre le tabagisme, l’alcoolisme, l’obésité et la sédentarité), moteur des économies précitées. Emmanuel Macron souhaite par ailleurs transférer le financement de ces dépenses vers l’impôt, via la suppression de 3,1 points de cotisations salariales, compensés par 1,7 point de CSG au taux normal. Pour revenir sur le volet de la prévention, Emmanuel Macron propose de créer un service sanitaire de trois mois pour tous les étudiants en santé, dont 40 000 interviendront dans les écoles ou les entreprises, afin notamment de prévenir les maladies professionnelles.
« Prendre en charge à 100 % les lunettes, prothèses dentaires et auditives d’ici à 2022 »
Mesures emblématiques de la campagne d’Emmanuel Macron, afin de lutter contre les inégalités et que les Français cessent de renoncer aux soins, il propose de ne dérembourser aucun soin utile dans les 5 ans qui viennent et de prendre en charge à 100 % les lunettes, prothèses dentaires et aides auditives d’ici à 2022. Pour ce faire, les complémentaires prendraient en charge les quelque 4,5 milliards d’euros qui restent chaque année à la charge des patients. De son point de vue, les mutuelles et les assureurs disposent en ce sens de marges substantielles d’économies. Et pour faire baisser les prix des mutuelles et des assureurs, Emmanuel Macron mise sur plus de concurrence. Il leur imposera donc trois modèles de contrats clairement comparables.
« Lutter contre les déserts médicaux »
Sur le numerus clausus, le Président estimait lors de la campagne qu’il est aujourd’hui « injuste et inefficace » et souhaite adapter les capacités de formation aux besoins de santé des territoires. Il veut en ce sens doubler le nombre de maisons de santé, soit 1 000 structures de plus en cinq ans. Le financement sera assuré par 5 des 15 milliards d’économies imposées sur cinq ans à l’Assurance maladie, et que le candidat veut réinjecter dans l’innovation et le soin primaire.
Plus d’attractivité…
Emmanuel Macron propose également de donner davantage d’autonomie aux hôpitaux, en diversifiant les modes de rémunération des professionnels et les modes de financement des hôpitaux, dans un cadre sécurisé nationalement. Il veut accélérer le déploiement des groupements hospitaliers de territoire (GHT) tout en mettant davantage d’interactions entre eux et les autres acteurs de l’offre. Et pour rendre le système de santé plus efficient, il propose de généraliser la vente de médicaments à l’unité. (Emmanuel Macron a par ailleurs indiqué qu’il voulait lancer une concertation sur la vente de médicaments en dehors des pharmacies.)
Sur le secteur médico-social, Emmanuel Macron propose de développer et soutenir les soins à domicile, de permettre aux aidants de mieux se former ou d’être accompagnés, d’encourager les solutions de télémédecine dans les maisons de retraite ou encore de lancer un plan d’évaluation des techniques et méthodes de prise en charge des handicaps. Sur ce sujet, le chef de l’État s’est engagé à augmenter de 100 euros par mois l’Allocation Adulte Handicapé (AAH). Plus généralement, le Président a fait savoir qu’il était favorable à l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) pour les femmes seules et les couples de femmes, mais se dit opposé à la gestation pour autrui (GPA).
…et de compétitivité
Côté fonction publique, Emmanuel Macron veut redéployer les effectifs pour créer des postes dans les services qui répondent à l’évolution des besoins des citoyens (éducation et sécurité). Les effectifs de la fonction publique hospitalière (FPH) seront maintenus, mais 120 000 postes ne seront pas renouvelés dans la fonction publique territoriale (70 000) et dans la fonction publique d’État (50 000).
Emmanuel Macron a également annoncé vouloir créer un « fonds pour l’industrie et l’innovation » de 10 milliards d’euros, avec pour objectif de financer « l’industrie du futur » et d’inciter les laboratoires à produire en France et diffuser « plus rapidement » l’innovation. En campagne, il avait par ailleurs souligné sa volonté de disposer d’un opérateur unique pour lancer des appels à projets dans le domaine de la recherche et l’innovation, qui serait l’Agence nationale de la recherche (ANR).
Quoi qu’il en soit, la première tâche qui attend le nouveau chef de l’État sera d’établir une relation de travail dans la confiance avec les représentants des professionnels de santé, afin d’ouvrir les chantiers qui l’attendent.
Source: Audition infos
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